Il Cristo Apotecario
Il Cristo farmacista, pittura a olio di Apelli, datata al 1731
Un dibattito intorno al Cristo apotecario. J. P. Sergent evoca questo soggetto nella Revue d'histoire de la Pharmacie [Rivista di storia della farmacia], nel 1966, con il titolo Le thème du Christ apothicaire [Il tema del Cristo apotecario].
"Intorno a numerosi lavori sul tema del Cristo apotecario, Fritz Ferchl fu in qualche modo il decifratore di questo soggetto e tentò di classificarne le molteplici rappresentazioni dipinte tra il 1600 e la seconda metà del XIX secolo. Gli apparivano limitate ad un'area geografica determinata, i paesi germanofoni, e vi vedeva l'opera della corporazione degli scultori di crocifissi di santi, dei pittori di ex voto e di altri quadri di pietà- tesi che fu ripresa dagli storici dell'arte come W. J. Müller, per cui "questi quadri sono esclusivamente delle opere d'arte popolari anonime e non potrebbero essere attribuite alla personalità di un artista determinato".
Alla luce delle scoperte degli ultimi dieci anni*, queste teorie richiedono rettificazioni e sfumature. Così la miniatura firmata W. B. (Wilhelm Baur, pittore di Strasburgo, 1600-1640), la pittura su vetro con il monogramma ISP (Jérôme Spengler, di Costanza, 1589-1635), descritta da Frantz Fäh infirmano le asserzioni di Ferchl e di Müller. Di recente, il profesore Dann segnalava una pittura ad olio riprodotta un tempo da H. Peters che poteva essere attribuita alla bottega di Grégoire II Lederwasch (1679-1745). Allo stesso modo, la celeberrima miniatura della raccolta di Chants royaux [Canti reali] coronati al "Puy de la Conception de Rouen" (Paris, Bibl. Nat. entre 1519 et 1528, vedere fig. 2) non è certamente l'opera di un semplice artista popolare, ma di un eccellente miniaturista, di un maestro la cui arte reca ancora il segno della tradizione del libro d'arte francese. Questa pittura, in cui il Cristo, in presenza di Adamo e Eva, appariva chiaramente come "coelestis medicus", ma in un'officina, si distingue datutte le altre rappresentazioni del tema. Precedendo di 100 anni la prima altra opera più antica nota- una miniatura di Norimberga- essa conduce a riportare al primo quarto del XVI secolo il terminus a quo di Ferchl e a sfumare la tesi della limitazione geografica del tema ai territori germanofoni. Questa conclusione fa eco, a vent'anno di distanza, alle affermazioni effettuate, durante una comunicazione alla SHP nel 1947, da louis Sergent a proposito di questa stessa miniatura: " Si può dunque sostenere che, fin quando un altro pezzo venga a dimostrare il contrario, la rappresentazione del Cristo apotecario è di origine francese".
Il tentativo di classificazione tentato da Ferchl nel 1936 comportava i tre seguenti tipi: 1) il Salvatore, solo, dietro il bancone, senza sfondo; 2) scena divisa in tre piani, il piano mediano occupato dal Cristo al bancone e lo sfondo da ripiani di farmacia; 3) il tema assume un aspetto anedottico con, oltre a Cristo, altri personaggi, altre scene. Müller, in quanto a lui, distingue essenzialmente due tipi: i pezzi più antichi (XVII secolo) mostrano il Cristo in busto di fronte a uno sfondo neutro, mentre verso la fine del XVII secolo, sfondo e officina sono dipinti con una precisione crescente, annunciante il tipo realista che dominerà nel XVIII secolo.
Le miniature di Baur, dei Chants royaux [Canti reali] e del Museo nazionale germanico di Norimberga, in cui l'officina è accuratamente rappresentata, contraddicono questi principi di classificazione, così come una pittura ad olio di Eichstätt datante alla prima metà del XVII secolo. Aspettando nuove scoperte, un'altra classificazione sembrerebbe più degna di giudizio. Un primo gruppo include l'officina nella composizione. Parallelamente, un altro mostra il Cristo in busto dietro il bancone. Verso il 1700, altre compaiono altre opere che comprendono dei personaggi secondari - come dei peccatori pentiti o un angelo al mortaio - o che collocano il Cristo in un'officina più riccamente decorata. Infine, le ulteriori rappresentazioni, durante il XIX secolo, si concentrano sul Cristo di fronte ad uno sfondo neutro.
Un'analisi iconografica molto serrata permette di constatare
Une analyse iconographique très serrée permet de constater que le petit tableau du musée de Stockholm, soigneusement décrit par Müller en 1955, que l'on présume dater de 1740-1780, n'est qu'une variante suédoise de la série protestante et germanique des représentations du "Christ apothicaire avec le pécheur repentant et l'agneau divin" publiée par Ferchl en 1935. Un Christ apothicaire du XIXe siècle décrit par Hanslick en 1955 s'insère nettement dans une lignée catholique dont il est un des plus tardifs exemples. Ce groupe se distingue par la main levée du divin médecin en un geste oratoire, par une disposition identique des récipients, calice au milieu, par un livret de remèdes évangéliques et par un rameau fleuri de "Tag und Nacht".
Entre les différents groupes se sont établies des relations que l'examen minutieux de divers détails permet de préciser : disposition des versets bibliques et des récipients, arrangement des poids, gestes des mains (tenue de la balance, prélèvement de "Kreuzwurtz" dans un sac), plis de la robe du Christ, visage et coiffure, etc. Au terme de cette analyse minutieuse un début de schéma historique peut être dressé, au moins pour les œuvres germaniques. Quant à la distinction de Ferchl entre "pharmacies de l'âme" et "pharmacies du corps" selon les inscriptions portées sur les récipients, elle se révèle, à l'examen, sans fondement solide. On ne saurait, en particulier, l'appliquer à une gravure d'une conception jusqu'ici inconnue. Elle représente une pharmacie dont les portes à ferrures, largement ouvertes, laissent voir l'intérieur. Au dessus de l'entrée, deux anges portent une banderole avec cette citation de l'Exode : "Je suis le seigneur, ton médecin". Devant une fenêtre de l'officine garnie de barreaux, un homme tenant le fouet de la maladie dans la main droite est accueilli avec un geste de bénédiction le divin médecin-apothicaire. Cette gravure date probablement de la fin du XVIIe siècle et illustrait un ouvrage de théologie protestant. une recherche dans la littérature religieuse illustrée amènerait peut-être d'autres découvertes qui éclairciraient la genèse spirituelle des représentations du Christ apothicaire. En tout cas, cette œuvre originale nous rappelle la multitude d'interprétations du thème : dessins, miniatures, peintures à l'huile, gravures sur bois et sur cuivre, tapisseries, stucs, etc.: quatre-vingt-cinq pièces connues à ce jour".
Ce sujet a été si souvent traité par les peintres soit protestants, soit catholiques de langue allemande qu’il y a reçu un nom: c’est le thème du « Christ apothicaire ». Quelle en est l’origine ? Quelle en est l’exacte signification ? Jésus a été charpentier: on ne lit nulle part dans l'Evangile qu'il ait jamais exercé «humainement » la pharmacie ou même la médecine. Mais « divinement » il a fait mieux, puisqu'il a ressuscité un mort. Rendre la vie aux trépassés, n'est-ce pas pratiquer l'art de guérir ? Aussi haut qu'on puisse remonter dans la tradition, on voit le Christ considéré à la fois comme le sauveur des âmes et comme le guérisseur des corps. « Qui est médecin? » questionne Saint Augustin dans un de ses commentaires. « Notre Seigneur ! … C’est lui qui soignera toutes nos blessures. » Et dans un autre : « Nous étions anéantis, nous ne pouvions plus avancer : mais voici que le médecin vient aux malades, le chemin s'ouvre aux pèlerins ... »
Dans un petit traité en vers publié par Thomas Murner à Strasbourg en 1514, Le voyage aux bains mystiques, le Christ est représenté comme le baigneur: c'est lui qui se charge d’appliquer les ventouses (qui symbolisent le jeûne et les vigiles), c'est lui qui prépare le bain de la source acide (qui figure la souffrance:bienfaisante), c'est lui qui administre le bain de vapeur (emblème de la confession).
Fig. 1. Le Christ apothicaire, peinture à l'huile du peintre strasbourgeois Wilhelm Baur représentant une officine vers 1626-1630
© Collections histoire de la pharmacie, Ordre national des pharmaciens
Et parfois la magie s'en mêle. Si l'on en croit M, Hackwood (Christ lore), la rose était utilisée dans l'Allemagne du Moyen-Age pour arrêter les épanchements sanguins, et l’opération était accompagnée d'une imprécation de ce genre: « Abek ! Tabek ! Fabek ! Dans le jardin du Christ, il y a trois roses rouges: l'une pour le bon Dieu, la seconde pour le sang de Dieu, la troisième pour l'archange Gabriel. Sang, cesse de couler! »
Fig. 2. Le Christ pharmacien prépare une ordonnance pour Adam et Eve.
Miniature tirée du manuscript "Chants royaux du Puy de Rouen" (1519-1528), Bibliothèque Nationale, Paris
Tous ces faits n'expliquent pas cependant comment le Christ est devenu dans l'art pictural, à une époque relativement récente, un maître apothicaire tenant boutique, alors qu'on ne le trouve pour ainsi dire jamais coiffé du bonnet doctoral, ou pratiquant une saignée, ou même cueillant des simples.
Quelques constatations et réflexions vont peut-être nous éclairer. Très anciennement .les maisons et les boutiques se distinguaient les unes des autres par des enseignes, et un grand nombre de ces enseignes offraient un caractère religieux. On aimait placer une demeure, un commerce sous la protection d'un personnage sacré. Parfois même il y a un contraste choquant entre la sainteté du protecteur et la mauvaise réputation de ses protégés.
Les contemporains s'en indignent, tel le poète Artus Désiré:
En leur logis plein de vers et de teignes,
Où est logé le grand diable d'enfer,
Mettent de Dieu et de saints les enseignes.
.. L'un pour enseigne aura la Trinité,
L'autre Saint Jehan et l'autre Saint-Savin,
L'autre Saint Maur, l’autre l’Humanité
De Jésus-Christ notre Sauveur divin, -)
De Dieu; des saints sont leurs crieurs de vin...
Christ apothicaire avec un pécheur repentant, entouré des remèdes de la "pharmacie de l'âme" : foi, amour, charité , espérance, constance, etc. Le crucifix dans le plateau droit de la balance pèse plus que les péchés et le petit monstre diabolique, symbole du mal, dans l'autre plateau. 1747 Vienne, Österreichisches Museum für Volkskunde, collection d'art populaire religieux de l'ancien couvent des Ursulines
Photo Bruno Bonnemain©
Tallemant raconte qu'on fit descendre du fronton de deux auberges mal famées de Paris une «Teste-Dieu» et une Notre-Dame qui s'y morfondaient, et Boursault signale dans une venelle voisine de la rue Saint-Honoré une gargotte qui avait pour enseigne le Christ emprisonné avec la légende « Au juste prix » - jeu de mots de fort mauvais goût !
Les sujets religieux étaient certainement moins déplacés à l'entrée des officines. Ils s'y trouvaient d'ailleurs en grand nombre, mais ils ne figuraient pas seulement dans les enseignes. Au mur du fond de la boutique était souvent fixée aussi une pieuse image : un Christ en croix dans la gravure du Musée de Nüremberg figurant Cyriacus .Schnaus en prière, un Enfant-Jésus dans la boutique gravée au frontispice des Œuvres de Renou, une vierge sur le célèbre tableau du Vénitien Pietro Longhi, etc ...
Christus als Apotheker, Ausstellung im Focke-Museum Bremen (Afiche)
Focke Museum, 1975, Bremen
© Collections histoire de la pharmacie, Ordre national des pharmaciens
De toute évidence, quand, à partir du XVII° siècle la peinture eut pris une grande place dans la signalisation et la décoration des boutiques, quand vers cette même époque l'allégorie eut été mise à la mode, les artistes qu'on chargeait de peindre un Christ pour une officine eurent l'idée de le placer dans le milieu correspondant ; ils voulurent évoquer celui qui était tout à la foi le Sauveur des âmes et celui des corps. N'en doutons pas, les portraits de « Christ apothicaire » qui nous restent ne sont point des peintures de salon : ce sont avant tout des enseignes ou des tableaux d'apothicaireries parfois hospitalières ou conventuelles. Par leur destination autant que par leur sujet ils appartiennent exclusivement à l'art pharmaceutique, si riche en chefs-d'œuvre.
Gravure sur cuivre de la collection Pachinger à Linz
(Haute-Autriche) (XVIIesiècle)
Christ apothicaire. (Christus als segmender Apotheker mit Gedichttert ö, um 1750, 83x65 cm, Diëzean museum, Freising)
On peut voir sur la peinture les pots de pharmacie correspondant aux 3 vertus théologales (foi, espérance, charité), aux 4 vertus cardinales (prudence, tempérance, force et justice) et d'autres...
* Ricordiamo che il saggio fu scritto nel 1937
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